la représentation que nous nous faisons de la santé est largement influencée par différents courants de pensée. pour michel foucault, par exemple, la santé n’est pas seulement seulement un fait biologique mais aussi économique, culturel et politique. au sein de notre système néo-libéral, la santé pourrait être définie comme la performance et le développement des compétences. dans ce contexte, tout ce qui viendrait limiter cela relèverait du pathologique. ce capital santé est donc une charge dont il faut s’acquitter afin de s’insérer au mieux au sein de la société et d’y participer de façon rentable. mais de quelle fraction de notre patrimoine santé avons nous la charge ? quel est le symptôme général provoqué par la multiplication des efforts physiques et intellectuels à court et à long terme ? qu’il soit dû au surmenage, au stress, à la connexion constante, aux transports ou aux questionnement et positionnement aussi incessants qu’incertains de soi par rapport au monde, la manifestation principale de ces phénomènes est la fatigue. elle peut être physique ou même, hélas trop souvent, psychologique. cette fatigue, quasiment indissociable du mode de vie urbain peut entrainer des dérèglements physio-psychologiques beaucoup plus grave tel que l’épuisement chronique, le burn-out ou la dépression. si la société nous contraint à gérer au mieux ce capital, c’est parce qu’elle nous en fournit les remèdes. des solutions accessibles facilement sans prescription nécessaire ou abusivement livrée. ces antidotes sont aujourd’hui solidement établis dans nos vies et remplissent les étagères de nos pharmacies personnelles. on assiste donc au double jeu d’une société qui endosse à la fois le rôle du virus et du vaccin. cependant ce recours incessant aux solutions médicamenteuses , cette automédication, ne peut se faire sans débordements. en effet, on observe de nos jours une sur-consommation de ces produits. en 2012, le marché mondial du médicament a été évalué à 856 milliards de dollars (contre moins de 200 milliards de dollars en 1990) soit plus de 27 143 $ par seconde. aujourd’hui, les médicaments sont devenus des produits de consommation ordinaire tout en restant paradoxalement tabous. on achète et on consomme un produit régit par des codes, cryptogrammes et designs bien ancrés dans l’imaginaire collectif. c’est ainsi qu’est venue l’idée de sans ISSUE. afin de questionner ce phénomène de manière provocatrice, nous utilisons le tee-on comme support d’indices promenés par chaque porteurs, dans l’espoir de créer du débat. ces indices, originellement dessinés sur les boites et notices d’utilisations des médicaments les plus courants sont alors mis en évidence au point de se substituer au vêtement lui-même. ils nous questionnent sur leurs identités et leurs présences incongrues au-delà de leur fonction habituelle.